Nigeria les images qui inpliquent l'armée dans des cri,es des guerre



Des séquences vidéo ainsi que des images et des témoignages recueillis par Amnesty International apportent de nouveaux éléments prouvant que des crimes de guerre, notamment des exécutions extrajudiciaires et d’autres violations graves des droits humains, sont perpétrés dans le nord-est du Nigeria alors que les combats opposant l’armée à Boko Haram et à d’autres groupes armés s’intensifient.



Ces vidéos comportent des images de détenus égorgés les uns après les autres et jetés dans des fosses communes par des hommes qui semblent être des membres de l’armée nigériane et de la Force d’intervention conjointe civile (CJTF), une milice financée par l’État.



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Ces séquences vidéo montrent également les conséquences d’un raid de Boko Haram contre un village, au cours duquel le groupe armé a tué près de 100 personnes et détruit des dizaines de maisons et de bâtiments.



PLUS DE 4000 MORTS DEPUIS JANVIER 2014



Ces nouveaux éléments de preuve révoltants démontrent une fois de plus les crimes commis librement par toutes les parties au conflit. Les Nigérians méritent mieux. Que dire quand les membres de l’armée se livrent à de tels actes innommables et en font une vidéo ? Ce ne sont pas les images que nous attendons d’un gouvernement qui considère qu’il joue un rôle de premier plan en Afrique.»



Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International



Pour la seule année en cours, plus de 4 000 personnes ont été tuées par toutes les parties au conflit lors d’attaques armées. La majorité d’entre elles sont des civils qui ne participaient pas directement aux hostilités.



Le conflit s’est intensifié ces derniers mois dans le nord-est du pays. En juillet 2014, Damboa, dans l’État de Borno, a été la première ville dont Boko Haram a pris le contrôle depuis la proclamation de l’état d’urgence, en mai 2013, par le président Goodluck Jonathan.



La brutalité de l’armée a également eu des répercussions en juillet dans l’État de Kaduna. Douze personnes auraient été tuées en détention par l’armée nigériane.



Amnesty International appelle les autorités nigérianes à agir pour que l’armée mettre un terme aux violations des droits humains et du droit humanitaire.



Lire aussi : Nigeria : il faut enquêter sur la mort en détention de centaines de personnes soupçonnées d'appartenir à Boko Haram



Les membres de Boko Haram et d’autres groupes armés ont commis un nombre considérable de crimes odieux – tel l’enlèvement des lycéennes de Chibok il y a plus de trois mois – mais l’armée est censée protéger la population, et non commettre elle-même d’autres atteintes aux droits humains. L’état d’urgence ne doit pas céder la place à un état d’anarchie. Malheureusement, les mêmes populations sont terrorisées tour à tour par Boko Haram et par l’armée.



DES EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES HORRIBLES



Les vidéos obtenues par nos chercheurs montrent des faits particulièrement atroces qui se sont déroulés le 14 mars 2014 à proximité de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno. On y voit des hommes, qui semblent être des membres de l’armée nigériane et de la CJTF, se servir d’un sabre pour égorger un groupe de détenus avant de les jeter dans une fosse commune.



Nigeria: Gruesome footage implicates military in war crimes
Nigeria: Gruesome footage implicates military in war crimes
La vidéo montre 16 garçons et jeunes hommes assis en rang. Ils sont appelés un par un et on leur dit de s’allonger par terre devant la fosse. Cinq d’entre eux sont tués de cette manière. La vidéo ne montre pas le sort des autres détenus mais, selon des témoins, neuf ont eu la gorge tranchée et les autres ont été tués par balle.



Dans d’autres séquences, filmées au même endroit plus tôt dans la journée, on voit certains des auteurs des exécutions tandis que deux détenus creusent une fosse sous la surveillance d’hommes en armes avant le massacre. L’un des détenus reçoit l’ordre de s’allonger au bord de la fosse. Des hommes, apparemment membres de la CJTF, lui maintiennent la tête et les jambes. L’individu qui semble être le chef du groupe pose le pied droit sur le flanc de l’homme, lève son poignard, l’embrasse et crie « Commandos increvables » avant de trancher la gorge du jeune homme immobilisé. Tous les autres soldats et membres de la CJTF crient : « Oui oga [patron], tue-le ».



Différentes sources ont expliqué qu’un certain nombre d’autres détenus repris avaient été abattus par des soldats après avoir été remis à l’armée. Les militaires ont ensuite transporté les corps et les détenus dans un endroit situé hors de Maiduguri, non loin de Giddari, où auraient eu lieu les exécutions qui ont été filmées.



LES RAFLES DE L'ARMÉE À BAMA



D’autres séquences vidéo montrent de graves violations des droits humains commises à Bama, une ville située à 70 kilomètres au sud-est de Maiduguri. Cette localité, comme beaucoup d’autres, a été un foyer de violence ces deux dernières années.



Des habitants nous ont décrit une opération de « filtrage » qui a eu lieu le 23 juillet 2013. De très nombreux membres de l’armée nigériane et de la CJTF venus de Maiduguri sont arrivés au marché central vers 11 heures ; ils ont dit à tous les hommes adultes de se rassembler et de se déshabiller.



Selon des témoins, les hommes ont été mis en rang et, un par un, après leur avoir fait fermer les yeux, on les a poussés devant un homme assis à bord d’un véhicule. Cet homme indiquait la droite ou la gauche. Quelque 35 hommes envoyés à gauche étaient des membres présumés de Boko Haram. Les autres, environ 300, qui avaient été envoyés à droite, ont été considérés innocents.



La vidéo obtenue par notre organisation confirme de nombreux témoignages portant sur ce qui s’est passé ensuite. Les militaires nigérians et les membres de la CJTF ont ordonné aux membres présumés de Boko Haram de s’allonger par terre côte à côte et ils les ont battus à coups de bâton et de machette. Un témoin oculaire nous a déclaré que les responsables militaires criaient : « Vous devez les frapper et même les tuer ; ils sont membres de Boko Haram. »



UNE ATTAQUE MEURTRIÈRE DE BOKO HARAM



À l’instar des habitants de nombreuses autres localités du nord-est du Nigeria, ceux de Bama vivent dans la peur constante des attaques de Boko Haram et d’autres groupes armés. Ces attaques sont parfois considérées comme des représailles pour ce que les groupes armés estiment être la collaboration des habitants avec l’armée nigériane. La plupart du temps, cette dernière ne présente que peu de résistance.



Boko Haram a lancé son attaque la plus meurtrière sur la ville le 19 février 2014. Selon les habitants, près de 100 personnes auraient été tuées et plus de 200 autres blessées. Des engins explosifs improvisés et des grenades ont été utilisés pour détruire de vastes secteurs de la ville.



Les insurgés s’en sont donné à cœur joie à tuer, incendier et démolir »



Un habitant de Bama



Une vidéo réalisée après l’attaque montre les restes calcinés de nombreux immeubles et voitures, ainsi que les dégâts occasionnés par le feu à l’étage supérieur du palais de l’émir local (Shehu). On voit sur la vidéo de très nombreux corps enveloppés dans des linceuls pour être inhumés.



En savoir plus : Nigeria : des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité sont commis



Amnesty International réclame l’ouverture sans délai d’une enquête indépendante, impartiale et approfondie sur les violations graves et systématiques des droits humains et du droit international humanitaire commises par toutes les parties au conflit dans le nord-est du Nigeria. Le gouvernement nigérian doit condamner publiquement de tels actes, y compris les cas signalés d’arrestation arbitraire, de détention au secret, de disparition forcée, de torture et d’autres formes de mauvais traitements ainsi que d’exécutions extrajudiciaires imputables à l’armée nigériane.

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