Femmes et violences



Mon adolescence, mes années de collège, sont le jardin secret protégeant une partie de mon existence à la fois heureuse et douloureuse.
Lorsque je dis « heureuse », c’est parce que mon adolescence m’a vue affronter mes sentiments, sentiments qui jusque là m’étaient étrangers. Ma meilleure amie, Milka, cette petite Brésilienne vive et impulsive, s’est assigné la lourde mission d’être mon « bras frappeur ». Oui ! Elle tenait à cette mission ! Personne, non vraiment, personne, fille ou garçon, n’osait médire de moi quand elle était dans les parages. Sacrée Milka Cabral !
Le garçon le plus convoité de la classe a posé les yeux sur moi, Aïssatou Cissé, la fille en fauteuil roulant ! En fait je m’en fichais un peu, sérieusement, ce n’était vraiment pas ma priorité. Ce n’était pas ce qui m’attirait ; les garçons, pfffft…
Elle se souciait tellement de moi, elle m’a poussée à sortir avec ce garçon. En fait, ces filles étaient indignées, choquées et surtout se sentaient bafouées car moi, la fille en fauteuil roulant, leur ai ravi le cœur du garçon le plus beau, le plus riche…
Elles ne tarissaient pas d’épithètes à mon sujet. Je suis une fille tout de même, pas un bout de bois ! Elles le savent maintenant !
Mais, Milka est morte, elle n’a pas pu supporter la pression. Milka s’est donné la mort. Elle a oublié notre pacte de sang ! Personne n’a pu l’aider, l’écouter, la conseiller, la rassurer ! Personne ! Nous étions seules, deux adolescentes dans le secret de leurs confidences. C’est cette douleur qui me pousse, m’oblige aujourd’hui à être à l’écoute des enfants. Je veux ressusciter Milka à travers toutes ces adolescentes en quête d’oreilles attentives. Toutes les adolescentes, qu’elles soient en situation de handicap ou pas, ont besoin d’assistance !

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