LES MINERAIS DE SANG EN RDC



Il ya un aspect qui échapperait aux analystes de la situation de l’insécurité à l’Est de la R D Congo : il s’agit de la place du viol dans l’exploitation des minerais dans cette partie de la Région des Grands lacs. Qui dit minerais de l’est de la R D Congo dit minerais de sang. Et, c’est avec raison car il n’est plus un secret que les guerres qui ont emporté ces millions des morts que les familles, si elles n’ont pas été décimées, pleurent encore, ne sont que des guerres pour les minerais. Ces guerres ne sont pas, et n’ont jamais été pour un changement politique au pays, ni pour une quelconque sécurisation ethnique, comme leurs concepteurs le font croire à qui veut les entendre. Chaque groupe armée annonce, à sa naissance, qu’il n’arrêterait sa course qu’une fois arrivé à Kinshasa la capitale de la RDC pour y établir un ordre nouveau, ou qu’une fois tel groupe social aura acquis tel et tel objet de revendication ; mais tous ces groupes armés ont arrêté leurs courses à la première carrière de minerais rencontrée sur son passage. Celui qui veut en savoir plus n’a qu’à voir le positionnement des groupes armés et ceux des sites miniers.
Derrière cet aspect économique, dort un géant tel la face cachée d’un iceberg : le viol.
Le viol qu’on observe actuellement à l’Est de la R D Congo trouve ses racines dans la tradition de la Sous-région. Dans toutes les tribus de la R D Congo et même dans les pays voisins, même un enfant de l’école primaire sait que si après avoir longuement provoqué l’autre et que ce dernier ne cède pas à la provocation, il suffit d’injurier ou même de dénigrer sa mère pour qu’ à coup sûr il se lance dans la bagarre. En effet, la dignité de la mère de quelqu’un, c’est son tendon d’Achille, qui la touche, le touche. Il en est de même de la sœur ou de la femme de quelqu’un.



Si l’injure ou le dénigrement de sa mère ou de sa sœur, qui ne sont que des atteintes verbales, sont déjà suffisants pour que tout « homme» défende son honneur et celui de tout de « ses origines », à combien plus forte raison ne tolérerait-il pas l’atteinte de la racine même de la dignité de sa mère, à savoir sa dignité intime ? Le viol devenu monnaie courante dans la Sous-région n’est autre qu’une arme de guerre, la plus dévastatrice que les belligérants utilisent pour anéantir le plus rapidement possible l’adversaire. En fait, il s’agit là de laisser une trace indélébile dans la mémoire collective de toute une ethnie, un peuple, une nation.
Pour s’en convaincre, le violeur choisit de préférence la place publique pour que le mari ou le parent et toute la communauté en soit témoin oculaire en vue de se rassurer d’en conserver le souvenir. Quand le viol a lieu en dehors du village, le violeur laisse un sceau par une destruction de l’organe génital de la victime de telle sorte que celle-ci soit obligée de ne pouvoir le dévoiler en guise de témoignage. En outre, si le violeur avait vraiment envie de satisfaire ses pulsions sexuelles, ne se serait-il pas rendu chez une professionnelle de sexe et où il agirait en prenant les précautions que tout se passe dans la plus grande discrétion ? Voilà l’autre face de ces guerres dont les femmes et les jeunes filles sont les premières victimes, non seulement par le veuvage (Que des centaines des veuves militaires dans nos rues !), les divorces, la stigmatisation et la honte éternelle de la victime et de sa famille), mais aussi par le viol.



Et si donc, on appelait les minerais des zones affectées par ces guerres en répétition à l’Est de la R D Congo l’exploitation des minerais, des minerais de viol ? Qui dit mieux ?
Les femmes de l’Est de la R D Congo en général et surtout les Mamans Shujaa RDC et les jeunes garçons et filles que nous sommes car l’avenir nous appartient, nous croyons tous qu’il est temps que le sang cesse de couler en RDC et dans la région des grands Lacs. Nous sommes fatiguer de toutes ces manigances.



English translation by community member Florence Pourtal-Stevens



ORE OF BLOOD IN THE DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO



There is an aspect of the insecurity situation in Eastern DRC that is being eluded by analysts. That is the role that rape plays in the exploitation of ore in this area of the Great Lakes region. Ore from Eastern DRC means blood ore. Rightfully so, as this is no secret that the wars, that decimated millions whose families keep mourning, have only been wars for the ore. These wars are not and were never conducted for political change in the country or for whatever ethnic securing reasons that are being claimed by their leaders to who is ready to listen.
Each armed faction announces – at inception – that it would stop its quest only once it has reached Kinshasa to establish a new political order; or once a particular social group will be granted a particular demand. However, all these armed factions stopped their quests at the first sight of a ore extraction quarry they found on their way. The one who wants to know more just needs to look at the positioning of the armed factions and compare it with the one of the ore exploitation sites.
Behind this economic aspect hides a giant as big as the hidden face/ underside of an iceberg: rape.
Rape that is currently being practiced in Eastern DRC finds its roots in the traditions of the sub-region. In every tribe of DR Congo and in the surrounding countries, even a primary school level child knows that if after having provoked someone for a longtime without any success, insulting or denigrating his mother will guarantee that he will enter the fight. Indeed one’s mother’s dignity is a person’s Achilles tendon. Who touches her, touches him. The same rule would apply for a sister or somebody’s wife.
Insult and denigration of a mother or a sister – even though only verbal attacks – are enough for any man to have to defend his honor and that of his origins. To a greater extent how could a man tolerate the attack at the root of the mother’s dignity, the intimate dignity? Rape has become current practice in the sub-region and is no more than a weapon of war, the most devastating one that belligerents use to destroy/ to take down the enemy as fast as possible. In fact, the aim is to let a permanent mark in the collective memory of a whole tribe, ethnic group, people and a nation. For this reason, the rapist prefers to choose a public place to ensure that the husband or the parent and the community as a whole are visually witnessing the attack and remembering it. When the rape occurs outside a village, the rapist leaves a seal through the destruction of the victim’s genital organ so that she could not use it as part of her testimony. Besides, if the rapist really wanted to satisfy his sexual urges, would not he had gone to a sex worker where he would ensure that he takes all necessary precautions for everything to happen in the greatest discretion? Here is the other side of those wars of which women and young girls are the first victims, not only through widowing (how hundreds of military widows in our streets!), divorces, stigmatization and the eternal shame for the victim and her family, but also through rape.
So what if we were to call the ore from the areas affected by these repetitive wars in Eastern DR Congo, the ore of rape? Who can top that?
Women from Eastern DR Congo in general and especially the Shujaa DRC mothers and the young boys and girls that we are, the future is ours. We believe that it is time for the blood to stop flowing in DRC and in the great lakes region. We are tired of all these schemes.

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