Mon rêve d'enfant



Je m’appelle NEEMA CIBEMBE Justine. Dans ma langue maternelle, NEEMA veut dire Grace et j’ai comme phrase fétiche c’est-à-dire en phrase qui me guide et me remonte la morale : Grace est mon nom, Grace est ma vie.



Je suis congolaise de l’est de la République Démocratique du Congo, dans la province du Sud-Kivu. J’ai 23 ans, je suis licenciée  en Droit de l’Université Catholique de Bukavu, et passionnée de la promotion et la défense des droits de l’homme.



Depuis toute petite, mon rêve était de devenir Docteur en médecine, rêve que j’ai nourri afin de pouvoir soigner mes parents au moment où une quelconque maladie pourrait les rattraper. C’est mon rêve d’enfant. Ce rêve m’a nourri d’espoir et de courage de toujours bien travailler à l’école afin d’y arriver.



Alors que je n’avais que 13 ans, une terrible maladie vint et me ravit mon père, lui qui était tout pour moi et plus pire dans un pays comme le nôtre où les charges de la famille reposent sur les épaules des parents et spécifiquement du Père. Le fait de le perdre a bouleversé toute ma vie, ainsi que celle de toute la famille car il a fallu nous battre pour survivre. La plus grande difficulté était d’étudier dans les mêmes conditions qu’avant, et ce rêve d’enfant disparaissait petit à petit.



Grâce à la solidarité, la bonté de certains familiers, amis et connaissances, j’ai poursuivi mes études même avec la plaie profonde d’avoir  perdu mon héros. 5 ans plus tard, je l’ai eu mon bac. C’est là que j’ai compris que je n’y pouvais absolument rien, si pas prendre courage, me relever et redoubler d’effort  pour capitaliser la faveur dont je bénéficiais en ce moment-là.



Il se portait garant pour moi, Lui c’est mon beau-frère, un homme qui avait ses moyens en cette période et je suis partie m’inscrire et en poursuivant ce rêve d’enfant, celui de devenir Docteur en médecine. Jusque-là, tout allait bien, jusqu’au jour où j’ai reçu ce coup d’appel qui avait bouleversé toute ma vie et provenant de Lui. 4 mois de cours en médecine, il m’appela pour me demander de changer de faculté, et de continuer plutôt dans une autre puisque la médecine est bien plus coûteuse à raison de deux fois plus que d’autres dans notre pays, et qu’il ne saurait pas me prendre en charge 8 ans alors qu’avec 5 ans j’aurai déjà fini. Le rêve d’enfant modifié et complètement abandonné. C’est difficile de perdre un père et même beaucoup plus difficile quand c’était lui notre Héros.



C’est là que je l’ai changé, mon rêve d’enfant, mais en un rêve aussi plus magnifique que celui-ci et dont aujourd’hui je suis aussi fière. Celui-ci m’a envoyé dans une autre faculté, celle de Droit. Malgré des multiples difficultés, peine, souffrance, endurance, humilité, courage, un dur travail, j’ai fini par obtenir mon diplôme de licence en 2019 ; celui de militer pour la défense, la protection et la promotion des droits des enfants pauvres et orphelins, des veuves et des personnes vivants avec handicap.



Mais dans notre pays la République Démocratique du Congo, finir les études est une chose, et trouver de l’emploi en est une autre. Quand tu as un niveau suffisant pour travailler, la contrainte reste, où travailler ?? mais ce n’est pas vraiment une grande contrainte, vu que pour y arriver, il faut encore être un enfant de tel ou tel personne qui a un titre ou qui est socialement fort. Ce qui contraire à moi, qui suis juste la fille du feu mon père et donc aucune chance de trouver un emploi aussi facilement si ce n’est pas par la grâce, Grace étant mon nom.



C’est là que j’ai commencé à me familiariser avec des organisations de promotion et de défense des droits de l’homme, des femmes, des enfants ou des personnes vivant avec handicap. C’est devenu mon travail, de redonner espoir à ces personnes qui peut-être traversent une même situation que la mienne, et les rappelant qu’un bon jour, nous ou nos petits-enfants vivront dans un monde où les droits de l’homme  seront respectés et que la répartition de la richesse du pays sera égalitaire.



On a juste changé mon rêve d’enfant, en me donnant un autre rêve bien plus essentiel. Je suis défenseure des droits de l’homme dans mon pays et j’en suis fière.



Merci à Esther Atosha qui m'a connecté à ce site pour élever nos voix afin d'atteindre le monde et partager l'expérience des autres femmes du monde entier.

Like this story?
Join World Pulse now to read more inspiring stories and connect with women speaking out across the globe!
Leave a supportive comment to encourage this author
Tell your own story
Explore more stories on topics you care about