Stand with her: Mon premier combat contre les violences sexuelles
Feb 26, 2020
Story
En RD.Congo, la fin des études secondaires est toujours sanctionnée par un diplôme d’Etat décerné aux lauréats après passation des épreuves nationales. C’est ledit diplôme qui donne l’accès aux études supérieures et universitaires.
Dans le temps, c’était surtout les élèves qui fréquentaient les collèges et autres institutions religieuses situées surtout en milieu rural, qui obtenaient les meilleures cotes.
Soucieux de ma réussite, mon père m’avait fait inscrire au collège Monseigneur Mala de Kasongo/ Maniema qui était dirigé par le recteur, monsieur l’abbé P.
Mon année de fin d’études secondaires dans ledit collège se termina avec succès et j’avais pu enfin retourner dans ma famille après une année de séparation.
Pendant 2 mois, moi et ma famille attendions mon diplôme d’Etat qui devait nous être envoyé à Bukavu/ Sud-Kivu, par le responsable du collège. En effet, il y’ avait un avion, petit porteur qui assurait le transport des passagers et des colis entre le diocèse de Kasongo et la ville de Bukavu. Hélas, mon diplôme ne venait toujours pas malgré les multiples lettres, messages par téléphone sans fils de mon père au recteur dudit collège.
Comme j’avais choisi de faire les sciences politiques et administratives à l’université et pour ne pas rater les inscriptions, je partais donc sans diplôme pour la ville de Lubumbashi /Katanga ou se trouvait ladite faculté. Les inscriptions de nouveaux étudiants avaient commencées. Je fus inscrite grâce aux extraits des journaux qui publiaient les résultats des lauréats mais il fallait dans une semaine, confirmer mon inscription.
Cette obligation académique était pour moi une course contre la montre. Je fis donc le voyage aller/retour de 4 jours par train jusqu'à Kasongo.
Des mon entrée au bureau du recteur, celui-ci m’informa : « c’est sciemment que j’ai refusé d’envoyer ton diplôme à ton père que je respecte bien, je voulais que tu viennes toi-même ici, je veux que tu sois ma secrétaire, n’allez pas a l’université ».J’étais abasourdie, je lui avais dit que j’étais venue seulement pour retirer mon diplôme afin de poursuivre mes études.
Pour toute réponse, il m’avait dit de repasser a son bureau a 15 heures. A l’heure fixée, J’étais devant son bureau mais au lieu de me recevoir dans ledit bureau, il m’avait conduit dans une autre salle. Une fois à l’intérieur, il m’avait brusquement serré dans ses bras et voulu me jeter sur un lit qui était dans un coin. Malgré mon jeune âge à l’époque, j’étais parvenue à me dégager et à saisir une grosse agrafeuse qui était sur le bureau. J’avais commencé à crier et à le menacer de casser toutes les vitres de la salle s’il osait encore me toucher. Devant ma détermination de passer de la parole à l’acte, il me laissa partir sans me remettre mon diplôme.
J’avais une tante paternelle à Kasongo et je l’informai de la tentative de viol dont je venais d’échapper de la part du recteur du collège et de son refus de me délivrer mon diplôme. Sans tenir compte des convenances envers les prêtes et abbé catholique, ma tante était partie directement le voir et avait exigé sur le champ la remise de mon diplôme.
A 20 heures de la même journée, j’étais dans le train pour le voyage retour de 2 jours. Le 5eme jour, j’avais confirmé mon inscription. Il était temps.
Cet acte de violences subies à la fin de mon adolescence, m’avait vraiment traumatisée. J’avais des cauchemars et j’ai vécu avec la peur pendant de longues années. A l’âge adulte, j’avais toujours peur pour toutes les fillettes et les jeunes filles à telle enseigne que je ne souhaitais que la naissance des garçons que ce soit dans ma famille ou dans la communauté. Ce comportement avait inquiété tout mon entourage.
Mon engagement depuis 2003 ,aux cotes d’autres femmes activités des droits de femmes pour la défense des droits des filles et des femmes ainsi que dans la lutte contre les violences sexuelles ,a permis la guérison de mes blessures intérieures .