A PROPOS DE MOI



 



Je m’appelle Anne-Marie Uwimana âgée de 58 ans de nationalité congolaise vivant dans la province du Sud-Kivu à l’Est du pays. Je suis mariée et mère de cinq garçons.



Née d’une famille modeste, mon père tenait beaucoup à ce que ses enfants étudient car lui n’avait pas été à l’école. Quand il avait 16ans il avait écrit la prière communément appelée « Notre père » sans avoir été à l’école ce qui frappa beaucoup les missionnaires qui l’avaient pris en charge pour une formation dans le cadre médical. C’est ainsi qu’il devint un infirmier très important et a consacré sa vie pour scolariser tous ses enfants au nombre de 8.



Pour ce qui me concerne, j’ai eu la grâce d’étudier et juste après mes études secondaires je me suis mariée à 20 ans. A cette époque j’étais considérée comme ayant dépassé l’âge car les filles se mariaient mineures. Nous étions encore rare les filles qui avaient décroché les diplômes car on estimait qu’une fille ayant beaucoup étudiée n’était pas digne de confiance pour être épousée. A l’école on étudiait aussi la prostitution disait-on et les femmes instruites ne pouvaient pas être soumises dans le foyer. Ainsi j’ai passé beaucoup de tests pour prouver que je suis une bonne femme. Mon mari venait de terminer aussi l’école secondaire mais comme nous vivions dans un milieu reculé où la femme n’était qu’un instrument de procréation, de travail… j’avais difficile à m’adapter. Imaginez que je devais me réveiller très tôt le matin pour faire tous les travaux ménagers comme puiser de l’eau à plus d’un kilomètre avec un bidon de 20l sur la tête dans un milieu montagneux seule car c’était un tabou pour un homme d’aider sa femme sans oublier que je devais aller travailler. Alors j’ai vraiment souffert car je n’étais pas habituée venant d’un milieu plus ou moins passable. Alors mon mari me proposa deux choses : soit rester ensemble dans ces conditions, soit le laisser partir pour poursuivre les études universitaires ce qui nous permettra de changer de vie c'est-à-dire avoir un bon travail en ville. J’acceptai mais il y avait un prix à payer. Il fallait vivre seule pendant 5ans, il venait rarement une fois l’année pour une durée de 2 mois au plus. Ce n’était pas facile sous la responsabilité de mes beaux parents qui parfois ne me donnaient pas de la valeur. J’ai beaucoup patienté car c’était la seule voie de sortie et Dieu aidant, 5 ans après il a fini et on avait nos 2 premiers fils. Après ses études il a eu du travail dans la capitale c’est alors que moi aussi j’ai entrepris mes études supérieures en Informatique de gestion. Six ans de bonheur car on vivait ensemble jour pour jour, après nous avons été obligés de nous séparer à cause de la guerre. Nous nous sommes refugiés dans le pays voisin le Burundi où on a fait 16 ans alors que mon mari était resté dans le pays mais on pouvait se parler au téléphone. La vie n’a pas été facile avec 5 enfants à charge mais je devais tout faire avec mon petit métier d’enseignante.



 Je tiens à vous faire savoir qu’il ya beaucoup de femmes dans nos villages qui vivent les mêmes conditions sans aucune ressource à l’absence de leurs maris. C’est vraiment un calvaire car elles n’ont pas appris une activité génératrice de revenus, les enfants non scolarisés faute de moyens et quand ils le sont ce sont seulement les garçons et non les filles.



En 2015, 16 ans après, nous sommes revenus au pays parce que la guerre menaçait dans notre pays de refuge, c’est ainsi que  j’ai pris connaissance du centre «mama shujaa » qui est une opportunité aux femmes et aux filles dans la nouvelle technologie de l’information et de la communication.  Nous sommes connectés au monde grâce à World Pulse. Je puis voir ce que font les femmes dans le monde et je puis être la porte-parole des sans voix. J’en profite pour crier aux femmes du monde de conjuguer leurs efforts pour sortir ces femmes du Hauts-plateaux de cette misère sans nom.

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