La menstruation, une honte ou une fierté ?



La menstruation demeurant encore un sujet tabou dans nos sociétés, il est capital de pouvoir démystifier cette croyance selon laquelle le flux menstruel est quelque chose d’impur, ce qui fait que le monde féminin est en horreur d’en avoir.



Nous devons faire connaître à la communauté, que les règles constituent une preuve de la fécondité et de la croissance normale par conséquent un sujet de fierté pour la fille ou  la femme. C’est sorcier de vouloir espérer que votre fille, qui n’a pas connu de règles dans sa jeunesse, puisse se marier…  Car dit-on que la stérilité est une affaire des femmes.



A l’occasion de cette journée de la menstruation, j’ai jugé bon de vous relater quelques récits par rapport aux premières règles en commençant par le mien.



Au fait j’ai eu des règles à 14 ans mais avant cela à 12 ans quand j’étudiais en sixième année primaire, un jour pendant la recréation j’ai vu une collègue de classe qui était entourée par beaucoup de filles pour la cacher. Etant la plus jeune, j’ai demandé pourquoi elle était entourée, elles  m’ont chassée et cela  a éveillé ma curiosité. Etant turbulente à l’époque, je me suis frayée un passage pour voir la réalité. A ma grande stupéfaction, j’ai vu que la fille avait taché de sang sa jupe et sur ses jambes il y avait du sang. Alors j’ai crié mais une d’elles m’a mis le doigt sur la bouche comme pour me dire de ne pas parler tout haut, en me disant qu’elle était blessée. Je suis partie sans arrière pensée car j’étais ignorante. Comme j’avais pour principe de ne jamais faire ou croire que ce qui viendra de la bouche de ma mère, je n’avais aucune idée contraire.



A mon tour après  deux ans, un matin au réveil, j’ai eu une sensation bizarre d’un liquide entre mes cuisses et j’ai eu à toucher pour voir ce qu’il ya. A ma grande surprise c’était du sang ; allez-y comprendre comment j’ai alerté toute personne qui était là, de la catastrophe qui venait de se produire. Imaginez le sang qui coule de nulle part, je cherchais si il y avait une quelconque blessure mais en vain. Alors ma mère m’a calmée et m’a demandé d’aller  me laver et ensuite elle m’a donné quelques morceaux de tissus à porter pour prévention. Mon père qui était un agent médical commença à blâmer ma mère pour ne m’en avoir pas parlé à temps pour éviter le scandale dont j’étais l’auteur.



Alors le moment était arrivé pour me tirer les oreilles, comme quoi  je devais m’éloigner des garçons sans me dire ce que ces derniers me feraient. C’est par chance qu’une amie pouvait te dire tout mais elle aussi était à craindre car on se disait : Si elle connaît qu’il ya des relations sexuelles c’est qu’elle doit en avoir déjà eues. Des relations sexuelles avant le mariage étaient pires qu’un crime d’où on préférait garder silence pour ne pas être suspecté.



Hier j’ai pu interroger quelques filles sur leurs premières règles dont voici le récit :



La première m’a dit ceci : J’étais déjà orpheline donc sans aucune information à propos, pendant que j’étais assise en train de faire la vaisselle, quand je me suis levée, une voisine est venue me souffler à l’oreille qu’il y avait du sang sur ma robe. La façon dont elle me l’a dit m’a effrayée, je suis entrée dans la maison pour m’examiner. Pour moi c’était fini, certainement une maladie mortelle car synonyme du sang était la mort. J’ai pleuré de tout mon soul et je devais attendre ma maîtresse pour lui en parler et m’attendre peut-être à un renvoi car je travaillais comme une fille de maison. Quand elle est rentrée le soir, je n’avais rien mis jusque-là, elle a constaté que ça n’allait pas. Je ne pouvais plus me lever de mon tabouret fait en planche car j’étais  déjà collé. Je lui ai parlé de la mauvaise histoire, que j’attendais la mort car le sang avait déjà commencé à couler. Elle m’a demandée où ça coulait, quand je lui ai montrée elle a fondu en larmes tout en riant. Je me suis dit qu’elle riait parce qu’elle n’avait pas pitié de moi c’est tout. Après elle a repris son souffle et a commencé à me rassurer que tout allait bien et que c’était normal pour toute fille et toute femme. Elle m’a demandé de me laver normalement car il n’y a aucune blessure pour me faire mal. Elle m’a donné des serviettes hygiéniques et m’a montré comment les porter.  J’aime cette maman et pour preuve je suis avec elle depuis vingt ans.



La seconde m’a dit qu’elle était déjà au courant car elle avait une amie avec laquelle elle prenait souvent douche. Quand ça lui est arrivé, elle est allée informer une mère voisine car elle était orpheline de mère. Comme vous le savez, c’est rare que la femme de ton père prenne soin de toi. Notre voisine a commencé à m’expliquer que j’étais devenue grande et que maintenant je pouvais  me marier. Cette parole a pris de la place dans mon cœur car je me suis mariée trop tôt



Je ne peux pas tout écrire sinon sur dix filles interrogées, six n’étaient pas informées,  trois l’étaient par leurs amies et une seule l’avait appris de sa mère.



Ce que je loue actuellement, pendant les sensibilisations que nous faisons pour les serviettes hygiéniques fabriqués dans notre centre, nous profitons pour parler aux jeunes filles de l’importance des règles, qu’elles doivent s’en réjouir au lieu d’en  prendre en aversion. Nous sommes en train de sensibiliser les mamans et les éducateurs afin d’en parler aux filles dès le bas âge. Il faut que l’éducation sexuelle fasse aussi un sujet à traiter dans les familles et à l’école. Les enfants sont mieux éduqués par leurs propres parents  sinon le monde s’en occupe. Les règles sont indispensables car elles constituent un passage obligatoire pour être amené à l’existence. Soyons-en fières et vivons-les dans une bonne atmosphère !

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