La dévalorisation de la veuve, un fait notoire.



La mort étant un phénomène naturel, elle vient quand elle veut et prend qui elle veut, femme ou homme. C’est ainsi que nous avons pas mal des veuves dont les maris ont été emportés pas nécessairement par une mort naturelle.



L’histoire des veuves est devenue un sujet préoccupant vu la façon dont ces dernières sont  traitées dans nos communautés. Au fait chez-nous dans le temps on avait un système qui soulageait les veuves,  « le lévirat ». C’était une pratique selon laquelle la veuve était donnée au frère ou à un membre de famille de son époux décédé. Ce dernier était dans l’obligation de subvenir à tous les besoins de la veuve de son frère et des orphelins voire même donner la progéniture au défunt. Il était choisi par la femme laissée car dit-on qu’on le reconnaît avant qu’on ne soit veuve. C’est-à-dire pendant que le mari est encore vivant, la femme sait voir celui qui s’intéresse à elle, celui qui peut lui témoigner de l’affection si cela arrivait par hasard.



Comment ça se passe? Après le deuil, la veuve est emmenée avec un homme en dehors du village dans la brousse, cet homme couche avec elle pour la sanctifier et tôt le matin elle rentre après avoir été rasée toute la tête. Ceux qui la voient reconnaissent qu’elle n’est plus souillée. Donc elle est déclarée quitte. Dans chaque famille, il ya des hommes désignés pour jouer ce rôle de sanctificateur.



 Le chef de famille devait envoyer les femmes âgées dont sa belle-mère pour lui demander qui elle voulait. Si on tardait de lui donner un homme, elle pouvait poser des actes de rébellion tels que le refus de donner ses vaches pour les traire. C’est-à-dire priver ses enfants du lait ce qui était considéré comme un crime. Ou elle pouvait prendre de la bouse et salir la peinture de sa maison et cela d’une manière fracassante. Et quand on voyait une telle réaction, le chef de famille convoquait une réunion extraordinaire pour lui trouver son homme. Cependant cette pratique pouvait créer des problèmes. Souvent la veuve faisait de tout son mieux pour conquérir cet homme et le faire oublier sa femme légitime. Le conseil de sage était appelé à suivre tout pour éviter le pire. Dans d’autres cas, c’est l’homme qui voulait profiter ou dilapider les biens laissés par le défunt. On pouvait bien le suspendre de ses fonctions (lol). Jusque-là la vie était passable pour la veuve.



Cependant avec la rencontre des civilisations ou cultures dont le christianisme, les choses ont changé au détriment des veuves. Avec le christianisme, on a aboli le lévirat. La femme est jetée à son propre sort. Elle est exposée à la prostitution car ce ne sont pas toutes les femmes qui sont capables de se passer de ce besoin sentimental. Et ceci faisant, elle se donne à tout venant pourvu qu’elle trouve comment subvenir à ses besoins (son sexe devient son gagne-pain). Des fois la femme peut prendre son domestique pour mari car elle n’a pas d’autres moyens pour le payer et comme conséquence des enfants indésirables dont on ne reconnait pas dans la famille, des maladies sexuellement transmissibles, humiliation… Cette situation va faire de la vie de la femme un calvaire. Ces enfants seront pris en aversion par leurs demi-frères laissés par le défunt. C’est la perturbation totale dans la famille.



La veuve délaissée, ne jouira plus d’aucune protection familiale, la belle famille va mal gérer son patrimoine, ne permettant pas qu’elle soit aidée et les enfants issus de cette union illégale n’auront pas droit à l’héritage. Les enfants non scolarisés, parfois sans abri par manque de quoi payer le loyer… Toute cette situation fait que la veuve soit victime de stress, de trauma et sa vie n’est qu’un cauchemar. Etant la plus affectée par la perte de son cher mari, elle se voit traitée comme si c’est elle qui a voulu la mort de son mari…



Comprenez que dans nos pays où sévissent les guerres, les hommes devant se lever pour combattre l’ennemi, sont plus exposés et par conséquent tués. Cela étant, le taux de veuvage des femmes va croissant et leur situation est déplorable. Que dire aussi de ces veuves trop jeunes car mariées en étant mineures ?  Imaginez une veuve de dix-huit ans et qui est condamnée à ne plus se remarier pour la protection de ses enfants.



Les unes sont accusées de sorcellerie pour s’en débarrasser afin de jouir de leurs biens et les autres même tuées.  



Nous demanderions à l’Etat de prendre des mesures en vue de sécuriser les veuves. Les doter d’un cadre leur permettant un accès à l’éducation afin de les rendre capable de s’autonomiser. Créer des acticités génératrices des revenus pour leur indépendance. Qu’il y ait une institution faisant leur plaidoyer pour que leurs droits soient respectés.



Les familles doivent être sensibilisées que c’est dans leurs devoirs de rendre la vie facile aux veuves qui méritent une attention particulière.



Je ne suis pas veuve mais je suis l'une de ceux qui appellent au changement car étant témoin oculaire du mauvais traitement que subissent les veuves.



 

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