Le changement climatique une réalité au Sud Kivu en République Démocratique du Congo : Enjeux et tentatives des solutions locales

1. C’est quoi le changement climatique ?

Le changement climatique fait référence aux régimes climatiques toujours plus irréguliers, à l’élévation du niveau de la mer et aux événements extrêmes qui peuvent être imputés à l’activité humaine et aux émissions de gaz à effet de serre (GES), qui sont à l’origine du réchauffement climatique.

Il est souvent considéré comme un phénomène purement scientifique et technique. Pourtant, le changement climatique représente également un phénomène social, économique et politique, qui connait des implications considérables en termes de justice sociale et d’égalité de genre et qui risque de priver certaines des personnes les plus pauvres de la planète de leurs droits humains fondamentaux.

Ce changement climatique menace déjà les populations les plus vulnérables de la planète alors que l'Afrique contribue fort peu au changement climatique, en raison de faibles émissions de CO2, elle souffre lourdement de ses effets. La République Démocratique du Congo abrite la plus grande forêt d’Afrique (62% du territoire) et la deuxième forêt tropicale du monde au titre de sa grande biodiversité ( Etat des forêts du Congo 2006).
Mais, la longue période des conflits armés récurrents de plus de deux décennies a laissé des impacts sociaux lourds comme les violences sexuelles et la pauvreté qui ont des effets négatifs sur le changement climatique.

En effet, afin de lutter contre la famine et la malnutrition, une partie de la réserve forestière de la RD Congo est illégalement déboisée et occupée par des paysannes qui cherchent des solutions au plus vite.

Le risque est grand de voir disparaître les forêts dans l’exploitation des chaudronneries, la production du bois de chauffe et du bois de construction.Cette extension de la production intensive de l’industrie du bois a des effets directs notamment sur la désertification et la sécheresse.

Le déboisement anarchique occasionne la chute des rendements agricoles, ce qui amène la malnutrition, la pénurie de nourriture et d’approvisionnement en eau, dont les femmes sont responsables.

De plus, la déforestation rend les déplacements et le transport de l’eau, dont les femmes sont socialement en charge, plus longs et plus dangereux pour leur sécurité personnelle, occasionnant parfois des violences sexuelles à leur encontre, individuelles ou collectives.

La République Démocratique du Congo en tant que deuxième forêt tropicale au monde après la forêt amazonienne, le bassin du Congo fait face à une myriade de défis variant entre la déforestation, l'exploitation illégale du bois et le trafic d'espèces sauvages au changement climatique.
En République Démocratique du Congo plus de 85% de la population utilisent la biomasse traditionnelle (bois et charbon de bois) pour satisfaire leur besoin de cuisson, d’éclairage et de chauffage, de manière non durable avec l’utilisation des foyers traditionnels qui est une pratique qui contribue à la pollution de l’atmosphère, de l’environnement et à la dégradation de la vie des familles, et de la population en général.

1. Les conséquences de changement climatique dans ma communauté congolaise précisément au Sud Kivu

La communauté congolaise en particulier les agriculteurs du Sud Kivu ont été touchés par le changement climatique du fait qu’il y a eu des perturbations des saisons dans le calendrier agricole.
En RD Congo , il y a 2 saisons (saisons sèche qui a 2 mois juillet et Août et saison de pluie Septembre jusqu’au mois de juin qui prend 10 mois) mais depuis au moins 10 ans qu’on observe un changement climatique surtout pour la saison sèche qui commençait jadis au mois de juillet et Août (2 mois) mais à présent elle commence au mois de Mai jusqu’en novembre (6 mois ) le calendrier agricole prenait le début du mois de septembre en décembre pour la récolte des haricots, maïs, sorgho, et amarantes.

Mais compte tenu de ce changement climatique les agriculteurs ne savent plus quel mois faire le semis car la saison sèche prolonge même au mois d’octobre mois qui était prévus pour le sarclage

. Les agriculteurs ne savent plus quelles mesures prendre pour s’adapter à ce changement climatique. Il y a la pauvreté qui s’est installée dans la communauté.

De plus, l’impossibilité de prédire les modèles pluviométriques, la baisse des récoltes, l'augmentation des prix alimentaires et la diminution des ressources naturelles entraînent déjà une intensification des migrations humaines, des tensions et des conflits.

Dans la ville de Bukavu, beaucoup de vies humaines sont détruites à cause des éboulements de terre à la tombée des grandes pluies .
A KALEHE à environs 80 kilomètres au nord de la ville de Bukavu, 5 villages ont été rasées par des eaux de pluies et il ya eu beaucoup des personnes disparues dont les corps ont été drainées par les eaux de pluie jusqu’au lac Kivu

1. Pour lutter contre ce changement climatique quelques solutions sont en train d’être envisagées dans ma communauté :

   
   
   

   • En collaboration avec d’autres associations engagées dans la lutte contre la déforestation et la gestion de l’environnement , notre organisation ‘’ Peuples Sans Voix’’ s’implique activement dans l’éducation environnementale de la population à travers la campagne dénommée : « une parcelle, un arbre » pour amener la population à refaire le couvert végétal qui a disparu surtout dans les grandes villes de la RD Congo au profit des constructions anarchiques qui provoquent des érosions

• Campagne des plantations des arbres fruitiers (avocatiers, manguiers,) pour fournir aux agriculteurs un revenu de remplacement et contribuer à lutter contre la pauvreté et le changement climatique.

• La Lutte contre la pauvreté par l’amélioration de l’efficacité énergétique des équipements de cuisson peut réduire l’usage abusif des bois qui est le combustible domestique par excellence.
• La sensibilisation des ménages à l’usage des foyers améliorés appelés « Bembeleza » et bannir les foyers à trois pierres

.• Sensibilisation des ménages face à l'augmentation de l'effet de serre par l'utilisation du charbon de bois comme combustible en vue de la réduction significative de notre dépendance aux combustibles fossiles, particulièrement le charbon, par l'adoption d'une révolution énergétique qui nous permettrait de passer d'un monde alimenté par l'énergie nucléaire et les combustibles fossiles à une planète fonctionnant sur base d'énergie renouvelable .

• information à la fois auprès des populations locales afin de les informer de l’état d’avancement des décisions prises en matière d’adaptation et d’atténuation au changement climatique au niveau national mais aussi en direction des autorités nationales sur les actions menées par les femmes à Bukavu et dans les différents territoires sur la déforestation.
4. Les voix des femmes sont importantes dans le processus de prise de décision au tour de changement climatique,

Les femmes sont actrices du, déboisement, de la gestion du foyer, sont les réelles expertes de la lutte contre la déforestation et par voie de conséquence de la lutte contre le changement climatique.

• Lorsqu’une femme a le contrôle sur ou possède la terre, elle n’en fait jamais mauvais usage

.• Les femmes en milieu rural sont à la fois productrices de la déforestation comme ses premières résistantes. « La déforestation est totalement irraisonnée par la destruction irrémédiable de l’arbre.

Les femmes ont gagné en autonomie au foyer et au niveau du comité de sorte qu’elles peuvent prendre la parole et être entendues, mais les attitudes des hommes vis-à-vis des femmes ont également fondamentalement changé.

1. Recommandations :

La forêt source de la vie, sa disparition progressive contribue aussi à la perdition des générations présentes et futures.
Peuples du monde agissons maintenant pour la sauvegarde de notre propriété commune qui est l’environnement. : Ne sacrifions pas l’Avenir au Présent.

L’environnement est notre propriété commune, mais les grands pollueurs de l’atmosphère se trouvent dans les pays industrialisés et les populations vulnérables en payent les conséquences.

1) A l’attention des décideurs politiques :
• Tenir compte des multiples dimensions de l’inégalité de genre et des expériences de terrain des femmes et des hommes en matière de changement climatique et investir dans la recherche en ce sens.
• Financer les institutions de la société civile aux niveaux international, national et local afin de demander des comptes aux décideurs des politiques relatives au Changement climatique quant à leur engagement politique en matière d’égalité de genre.

• La lutte pour la protection de l’environnement n’est pas seulement une question d’innovation technologique : il s’agit également d’autonomiser les femmes et leurs communautés de sorte qu’elles rendent leurs gouvernements responsables de résultats

• la construction de digues de défense contre les crues protégeant les propriétés de l'élévation du niveau de la mer ou la plantation de cultures agricoles et d’arbres plus adaptés à des températures élevées et à des sols plus secs.

• Toutes les politiques et interventions liées au changement climatique doivent promouvoir activement les droits des femmes et l’égalité de genre afin d’apporter le changement

• Permettre la participation égale des femmes aux processus liés au changement climatique aux niveaux local, national et international

2) A l’attention des organisations internationales

• Renforcer nos structures d'alerte et de réaction rapide en cas de catastrophes naturelles;
• Poursuivre les efforts d'utilisation des énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes;

• Encourager une utilisation efficiente de nos ressources forestières, hydrauliques et énergétiques;
• Renforcer l’adoption de bonnes pratiques environnementales par la poursuite des actions de sensibilisation et d’éducation au niveau communautaire et à l’intégration de modules d’éducation en faveur de l’environnement dans le cursus scolaire dans le but de former de futurs écocitoyens.

3) A l’attention des organisations locales

• Reboiser une superficie de 5 000 ha par an;
• Sensibiliser les populations sur les changements climatiques et les conséquences possibles;
• Sensibiliser l'individu et les sociétés sur la responsabilité face à la protection de l'environnement.
• Promouvoir l’éducation environnementale consistant à faire changer, compréhension, la perception que les gens ont de la forêt, pour qu’ils la considèrent comme une ressource importante
• Prendre soin de la terre est la tâche la plus importante qu’une femme puisse remplir sur cette planète
En effet, si nous ne nous engageons pas à prendre soin des graines, de l’eau et des sols, nos communautés souffriront et nous perdrons notre autonomie ainsi que la possibilité de nourrir nos propres familles.

Le changement climatique au Sud Kivu en RD Congo : Comprendre et agir

Odette IRANGA
Coordinatrice
Asbl « Peuples Sans Voix »
Province du Sud Kivu
République Démocratique Congo