Mon expérience de la célébration de la Journée Internationale de la Femme « JIF », quel changement ?



Depuis deux décennies, la célébration de la Journée Internationale de la femme (JIF) et durant tout le mois de mars, demeure un moment de mobilisation des femmes et des filles de toutes les couches socioprofessionnelles, confessionnelles et politiques de ma communauté. C’est l’occasion pour les femmes leaders et les militantes des droits des femmes d’éveiller la conscience de leurs consœurs sur leurs droits et sur le bien fondé de cette journée mémorable.



Pour les femmes et filles de ma communauté dont 3 femmes sur 5 sont analphabètes, la JIF signifie la participation au défilé des femmes avec son corolaire le port de l’uniforme ( deux pagnes) par toutes les personnes de sexes féminin y compris même les bébés qui allaitent.



C’est dans cette optique que les préparatifs de la commémoration de la JIF avec toile de fond le traditionnel défilé des femmes, se déroulait dans une ambiance fébrile dans tous les cercles, les groupements des femmes et filles et des partis politiques. Chaque groupe rivalisait d’ardeur afin de mieux paraitre devant les officiels.



C’est avec regret que j’assistais impuissante à l’instar d’autres militantes des droits des femmes devant la dénaturalisation de la signification de la JIF. Il a fallu en 2013 que le ministre national du Genre, Femmes et enfants interdise sur l’ensemble du pays l’organisation du fameux défilé des femmes tout en exhortant ces dernières à privilégier les activités de réflexion et culturelles. Par cette décision, beaucoup de personnes qui tiraient leur épingle du jeu dans cette façon de célébrer la JIF, étaient désappointées. Pour moi, ce fut une victoire significative pour amener les femmes à mieux revendiquer leurs droits conformément au sens de la JIF.



Lors des célébrations de la JIF ayant suivies la décision ministérielle, les femmes de toutes les horizons avaient compris le message car elles avaient pour la première fois organisé des tribunes d’expression libres en présence des autorités de leur milieu; d’autres avaient mené leur plaidoyer ainsi que des ateliers de reflexion .De ces actions, plusieurs recommandations avaient été adressées aux autorités tant provinciales que locales.



Maintenant, bien que l’ambiance ne soit plus très électrique comme les années antérieures, l’heure est aux préparatifs de la célébration de la JIF/2016.



L’association Groupe Dorcas dont je suis consultante, a deux activités à son programme durant ce mois de la femme. Le Groupe Dorcas encadre les femmes et les filles, membres au sein des groupes communautaires par des activités de renforcement leurs capacités. Les femmes veuves, membres du groupe vont présenter leurs œuvres artisanales (confection locale des pagnes, fabrication des pagnes et paniers) à l’exposition qu’organise p la ministre provincial du Genre, Femme, Famille et Enfants au stadium de Kadutu ce 8 mars 2016. Le 13 mars, avec le groupe communautaire de Kabare, un plaidoyer sera mené devant les autorités locales contre les violences basées sur le genre dont les femmes sont victimes de la part des hommes suite à la consommation excessive de la boisson fortement alcoolises dont ils consomment à la longueur de la journée.



Le thème de la JIF de cette année cadre avec la lutte que mènent les femmes congolaises chacune dans son sphère d’action en vue de la concrétisation effective de parité 30% telle que consacrée dans la Constitution de la R.D Congo et ce après l’accent mis sur l’éducation des filles lors des thèmes de la JIF précédentes. Il est vrai que les femmes pourront être compétitives au même titre que les hommes surtout aux postes de prise de décision que si elles accèdent à l’éducation.



Avec l’association Groupe DORCAS, mon souhait était de faire une évaluation des recommandations formulées les années antérieures aux autorités locales au lieu de chaque déplorer les mêmes situations. Malheureusement la faiblesse des moyens de l’Association ne permet pas aux femmes et filles de s’adonner à cet exercice des moyens pour les préparatifs. Cette difficulté est vécue par bon nombre de petites organisations locales .C’est pourquoi je crains qu’à la longue la JIF ne soit un eternel retour à la case de départ.

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